Différences entre le compostage industriel et le compostage domestique : fonctionnement, labels de certification

Selon les statistiques de la Banque mondiale, plus de la moitié des déchets générés par les humains sont du papier, de la nourriture et des déchets verts. Le compostage est un bon moyen de faire revenir ces matières organiques à la terre, aidant à atteindre une économie circulaire et à réduire les émissions de carbone. Actuellement, les principales méthodes de compostage peuvent être divisées en compostage industriel et compostage domestique. Bien que le résultat final soit dans les deux cas la transformation de la matière organique en eau, dioxyde de carbone et nutriments, les processus et conditions de décomposition sont très différents. Cet article expliquera les différences entre le compostage industriel et le compostage domestique, ainsi que les normes et certifications établies par les gouvernements et les tierces parties pour ces deux méthodes.

Qu’est-ce que le « compostage » ?

Le processus par lequel les humains recyclent les déchets organiques, transformant ces résidus alimentaires, papiers et déchets verts en terreau et engrais, s’appelle le compostage. Ce processus est réalisé par des micro-organismes ou des vers de terre. Contrairement à la décomposition naturelle, le compostage est l’une des méthodes de traitement des déchets humains, réalisée le plus souvent dans un environnement contrôlé, afin d’assurer la composition du tas de compost, l’humidité et la surface de contact avec l’air. L’entretien régulier du tas accélère la vitesse de décomposition, tandis que des mesures scientifiques de la qualité des matières produites garantissent que le produit final est bénéfique pour la planète. C’est une méthode de traitement des déchets importante pour les villes modernes.

Comment fonctionne le compostage ?

Il existe deux types principaux de compostage : le compostage industriel et le compostage domestique. Le compostage industriel concentre la matière organique dans de grands tas, en ajoutant des proportions appropriées d’ingrédients en fonction des matières premières. L’aération est assurée par retournement ou insufflation d’air. L’humidité est maintenue autour de 50% par arrosage. La température du tas augmente naturellement, atteignant plus de 50°C en son centre où la décomposition est la plus rapide. La température diminue vers l’extérieur du tas. Avec un bon entretien, un tas peut se décomposer en quelques mois. Le compost final est alors transporté vers les sites qui en ont besoin.

Le compostage domestique est réalisé par chaque foyer. Après avoir collecté les déchets organiques, ils sont mélangés dans les bonnes proportions selon les matières premières, en ajustant les paramètres selon l’avancement du compostage. On obtient finalement de la terre et des engrais utilisables pour le jardinage à domicile.

Qu’est-ce que le « compostage industriel » ?

Comment fonctionne le compostage industriel :

Le compostage industriel traite les déchets organiques à grande échelle. Après livraison dans l’installation, les déchets sont triés. Chaque installation accepte différents types de déchets organiques. Ceux qui peuvent être compostés sont séparés en deux catégories : riches en carbone et riches en azote, puis mélangés dans les bonnes proportions. Les trois méthodes de compostage industriel les plus courantes sont :

• Le compostage en andains (Windrow composting)

Cette méthode consiste à disposer le compost en longs tas de 1 à 2 mètres de haut, directement exposés aux conditions extérieures. Pendant le processus, des retourneurs d’andains, en forme de U inversé et percés d’une cavité centrale, retournent régulièrement les tas. En passant au-dessus du tas, ils captent le compost du centre, plus chaud, et le déplacent vers l’extérieur, équilibrant ainsi la vitesse de décomposition.

Au début, le retournement a lieu au moins une fois par semaine, puis moins fréquemment après un mois. Il est également nécessaire si la température dépasse 65°C ou chute en-dessous de 45°C. Le retournement est le principal poste de dépenses de cette méthode, et le facteur critique pour la vitesse du compostage. Avec un bon entretien, la décomposition complète est atteinte en 6 mois. Sinon, 1 an peut être nécessaire. Le compost est ensuite utilisé pour les cultures.

• Le compostage en récipient (In-vessel composting)

Cette méthode se déroule dans un environnement fermé, ce qui permet un meilleur contrôle des odeurs par rapport à la méthode des andains, et économise de l’espace. Les récipients ont souvent une forme de tambour rotatif pour faciliter le brassage, ou de tunnel avec ventilation intégrée. Ils peuvent être équipés de dispositifs de surveillance de la température, de l’humidité et de l’aération, pour un contrôle précis garantissant une montée en température suffisante pour tuer bactéries et graines de mauvaises herbes. Le compostage en récipient prend généralement 16 à 20 semaines.

• Le compostage en tas aéré (Aerated static pile composting, ASP)

Cette méthode consiste à mélanger les déchets organiques de façon lâche avec des agents structurants comme des branches, des copeaux ou du papier déchiqueté, de façon à conserver un espace d’air naturel suffisant. Des conduits d’aération au fond du tas permettent de souffler ou d’aspirer l’air. Comme il n’y a pas de retournement, une grande rigueur est requise lors de la constitution du tas : ratio carbone-azote, teneur en eau, espace d’air, etc. La température est maintenue constante pendant 3 à 6 mois grâce à un système automatique de contrôle de l’aération, jusqu’à complète décomposition.

Que peut-on composter par compostage industriel :

Le compostage industriel traite principalement les déchets alimentaires et verts produits en ville :

• Déchets de jardinage : branches, feuilles…
• Déchets alimentaires : coquilles d’œufs, fruits et légumes, marc de café, copeaux, papier déchiqueté…
• Déchets agricoles : sarments de vigne, fanes de légumes, paille de blé, résidus de fleurs…
• Certains sites atteignent des températures suffisamment élevées pour hygiéniser les déchets et accepter également des matières à risques comme excréments, viandes, poissons, graisses…

Labels de certification du compostage industriel :

Les labels de compostage industriel les plus répandus et fiables sont :

• Basés sur la norme européenne harmonisée EN 13432 : TÜV AUSTRIA OK compost INDUSTRIAL et DIN CERTCO DIN-Geprüft industrially compostable.
• Basés sur les normes américaines ASTM D6400 ou ASTM D6868 : BPI COMMERCIAL COMPOSTABILITY CERTIFICATION.
• Basé sur la norme australienne AS4736 : ABA Seedling Composting logo.

Les produits portant ces labels peuvent se biodégrader dans des installations de compostage industriel offrant les conditions adaptées. Comme les méthodes varient d’une usine à l’autre, il faut se renseigner sur les consignes locales de tri pour savoir si les produits industriellement compostables peuvent être jetés avec les autres déchets organiques.

Qu’est-ce que le « compostage domestique »?

Comment fonctionne le compostage domestique :

Le compostage domestique dissémine le processus dans chaque foyer, le plus souvent à petite échelle. Il permet de traiter les déchets organiques produits quotidiennement, avec une bonne proportion de matières carbonées et azotées et une humidité adéquate pour accélérer le processus et minimiser les odeurs. On distingue 3 méthodes :

• Le compostage en tas

Similaire à la méthode des andains industriels, mais à plus petite échelle. Le tas est placé en plein air dans le jardin. Au lieu d’un retourneur mécanique, on utilise une fourche ou une pelle pour le brassage, et un arrosoir pour l’humidité. On peut ajouter les déchets au fur et à mesure, et les recouvrir de branchages et feuilles pour éviter d’attirer moustiques et animaux.

• Le compostage en bac

Des composteurs spécifiques sont utilisés, similaires aux récipients du compostage industriel mais plus petits, souvent en forme de tonneau ou avec un bras de brassage intégré. On peut aussi fabriquer son propre composteur avec des palettes ou un simple bac. Cette méthode convient même sur un balcon en ville.

• Le lombricompostage

On utilise un bac spécial où ce sont les vers qui brassent le compost à notre place. Il suffit de leur fournir une température et humidité adéquates. On peut mettre une forte proportion de déchets de cuisine sans se soucier du ratio carbone-azote. Leurs excréments constituent un engrais de qualité. Le jus qui s’écoule, appelé “thé de compost”, peut être utilisé tel quel comme engrais liquide. Pour plus de détails sur le fonctionnement du compostage domestique, lisez cet article « [Guide pratique du compostage domestique en 5 étapes]« .

Que peut-on composter chez soi :

On peut composter chez soi :

1. Les déchets de jardinage : branches, feuilles, fleurs fanées (sans pesticides ni désherbants)
2. Les déchets alimentaires : épluchures de légumes et fruits, coquilles d’œufs…
3. Certains déchets domestiques : papier, carton, marc de café, sachets de thé (sans additifs chimiques type colorants, pelliculage plastique…)
4. Les produits portant un label de compostage domestique comme les pailles et couverts en bagasse de canne à sucre de la marque renouvo.

5. À éviter : viandes, produits laitiers, huiles et graisses, excréments, qui se décomposent mal dans les conditions d’un compost domestique.

Plus de détails dans cet article « [Comment faire son compost chez soi ? Les avantages du compostage domestique]”

Labels de certification du compostage domestique : 

Les principaux labels fiables sont :

• Répandus en Europe : TÜV AUSTRIA OK compost HOME, DIN CERTCO DIN Tested – Garden Compostable.
• En Australie : ABA Home Compostable Verification.

Ces labels reposent sur une combinaison de normes : AS 5810 (Australie), NF T 51800 (France) et prEN 17427 (Europe). Ils garantissent la biodégradabilité des produits dans les conditions standards d’un compostage domestique, sans exigence particulière de température. Ces produits peuvent donc être utilisés comme source de carbone dans un compost domestique.

Différences entre compostage domestique et industriel :

Bien que poursuivant le même objectif, des différences existent en termes d’échelle, vitesse, intrants et zones géographiques:

• Échelle : décentralisé à l’échelle de chaque foyer pour le domestique, centralisé à l’échelle d’une ville pour l’industriel.
• Vitesse : plus rapide et contrôlée pour l’industriel grâce aux meilleurs moyens techniques.
• Intrants : déchets végétaux ménagers essentiellement pour le domestique ; tous types de déchets organiques pour l’industriel qui hygiénise grâce aux hautes températures.
• Zones géographiques : Le compostage domestique est plus répandu dans les zones pavillonnaires d’Europe, Australie et Amérique du Nord où les habitants avec jardin compostent eux-mêmes leurs déchets végétaux. Le compostage industriel équipe les villes pour traiter centralement les tonnages bien supérieurs collectés auprès de tous les habitants.

Les plastiques biosourcés sont-ils compostables ?

Les plastiques biosourcés sont fabriqués à partir de matières organiques renouvelables comme l’amidon de maïs, la bagasse de canne à sucre, la paille de blé ou les algues. Bien qu’issus de ressources naturelles, ils peuvent contenir des additifs difficilement biodégradables ou avoir subi des traitements chimiques qui empêchent leur compostage. Ils ne sont donc pas forcément plus écologiques. Il faut vérifier la présence d’un label de compostage industriel ou domestique pour s’assurer de leur compostabilité.

Adoptez dès maintenant des couverts compostables pour vos pique-niques !

Le compostage industriel et domestique sont deux solutions complémentaires pour recycler les déchets organiques des humains. Comme les déchets plastiques sont difficilement recyclables et peu biodégradables, de nombreux fabricants proposent des alternatives biosourcées et compostables comme des couverts et pailles pour la restauration nomade. Choisissez des produits arborant un label de compostage domestique pour être sûr qu’ils se décomposeront dans votre composteur ! C’est un geste simple pour prendre soin de la planète.